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Amitié, don et cadeaux


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Faire connaissance en s'offrant des cadeaux



Amitié, don et cadeaux...

D'après une lecture de :
B. Karsenti, in Collectif, L'amitié dans son harmonie, ses dissonances, Paris, Autrement, 1996

La problématique sociologique d'un Durkheim, relayée par celle d'un Mauss, fournit un éclairage nouveau sur le principe d’amitié et, contre toute attente, lui donne même une importance accrue.

En effet les analyses philosophiques traditionnelles, essentiellement axées sur la morale, partent d'une relation canonique moi-autrui qui, une fois généralisée, fournit un modèle idéologique de socialité par référence au concept vague d’amitié, à peine distinct d'ailleurs de celui de fraternité.
Or en tant que valeur, cette amitié semble toujours avoir été perdue et oubliée, sans correspondre à une réalité effective.

Tandis que la perspective non individualiste de Mauss, par exemple, en se fondant sur la seule réalité sociale des échanges, établit le don comme vecteur permettant de valoriser différentiellement la place des individus et impliquant autrui au niveau de chaque action individuelle.

Tout acte étant causé par un don, répondant à un don, constitue par lui-même un don spécifique.
Le système de l'échange de cadeaux induit une consistance sociale reposant exclusivement sur les relations inter-individuelles, sacralisées sans doute, hiérarchiques peut-être (dans la mesure où le donateur s'arroge un pouvoir et une supériorité indéniables, fondés sur le prestige), mais non féodales.

En-deça de la dualité du bien et du mal, de la vertu et du vice, de la générosité et du calcul, le don est avant tout une provocation, une marque d'amitié (parfois d'inimitié) que l'on n’a pas demandée ni choisie, et à laquelle il y a pourtant obligation de répondre.

Par sa signification profonde, le don est avant tout possession.
Il ne symbolise ou ne représente pas une disposition subjective ; à l'état brut il est simplement présence du donateur, transfert d'une force ou d'une qualité dans la sphère privée du bénéficiaire, qui « poursuivra » celui-ci jusqu'à ce qu'il puisse rendre au moins l'équivalent.
Tant que les échanges de cadeaux ont lieu, même s'ils sont gros d’une inimitié secrète et du désir de dominer, une paix relative règne ; la socialité ne s'est pas coupée de la communauté profonde des biens, qui est participation intime à la vie de l'autre, invitation.

Le don ne consiste qu'en cela : s'inviter chez autrui.

L'on vit en paix en communauté tant qu'on ne laisse pas trop le voisin vivre en paix, en l'obligeant à se préoccuper de nous, de notre présence incontournable, et tant qu'on ne jouit pas trop en paix, égoïstement, de nos propres biens.

Or ce système d’échange dissimule une peur sous-jacente, un refoulé fondamental qui serait pour chacun le don impossible à compenser : le don en tant qu'échange amical protège du don d'amour absolu qu'on ne pourrait jamais rendre.

D’une certaine façon, tout cadeau anticipe ce don impossible et mortel ; c’est pourquoi derrière tout cadeau se réalise un don d’amitié, comme une sauvegarde vitale.
Il s’agit d’une constante anthropologique majeure : l’amité est ce qui se donne, non pas ici subjectivement, affectivement ou moralement, mais bien socialement sous la forme du cadeau.
Autre façon d’exprimer l’interdit de l’inceste, de la jouissance absolue de soi ou de l’autre.

Donc l’amitié se définit comme un don parce qu’elle-même peut et surtout doit-être donnée, comme un commandement doit être donné et comme la Loi doit être dite.

Cette crainte (infantile ou trop-humaine) du don absolu empêche cependant la pensée d’une donation radicale, que l’on pourrait par exemple nommer «amitié».
Une amitié qui ne se donnerait pas elle-même circulairement, qui ne serait pas un don du don, c’est-à-dire finalement un refus du don et de l’amitié «simples».

Il faut donc, non-philosophiquement, non-anthropologiquement, se donner ce don d’amitié qu’est le don du don.

Cela ne peut s’imaginer que depuis l’ami déjà-donné, précédant tout donateur et tout bénéficiaire, et bien sûr indifférent aux cadeaux comme au social en général. L’ami, étant en soi dénué de tout pouvoir, n’est pas lui-même un cadeau ; il ne fait jamais don de soi et ne s’échange pas.

C’est pourquoi, n’étant pas «offrant» de nature, vraiment indifférent à l’offre et à la demande, et encore plus à l’offre forcée, il est peut-être le seul à savoir offrir.

Il dit : je t’offre, non pas mon amitié par ce cadeau — cadeau empoisonné ou inamical comme la plupart des cadeaux —, mais je t’offre ton amitié puisque c’est ce que tu désires le plus... en gardant ton cadeau, en me gardant bien de te le rendre.












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